Troisième semaine du mois de la sensibilisation en cybersécurité 2025
Pendant longtemps, le mot de passe a été la première et souvent la seule barrière de protection pour nos comptes numériques. Pourtant, il demeure aujourd’hui l’un des maillons les plus faibles de la chaîne de sécurité. En effet, après plusieurs décennies d’utilisation, ce mécanisme présente de graves limites. Trop souvent, les mots de passe choisis sont trop simples, réutilisés sur plusieurs services, ou exposés à travers des fuites de données massives. Ce comportement, combiné à la multiplication des comptes en ligne et à l’ingéniosité des cybercriminels, fragilise la sécurité des organisations et des individus. Les avancées récentes en matière d’authentification visent à dépasser les limites de la mémoire humaine grâce à des méthodes automatisées, sécurisées par la cryptographie et conviviales, qui réduisent à la fois les risques et les contraintes pour les utilisateurs
Les limites du mot de passe
Les statistiques de cybersécurité sont éloquentes : des mots de passe comme « 123456 », « qwerty » ou « motdepasse » figurent encore parmi les plus utilisés à travers le monde. En parallèle, des milliards d’identifiants volés circulent sur le web clandestin à la suite de fuites majeures, souvent réutilisés pour tenter d’accéder à d’autres plateformes. Cette pratique, appelée « credential stuffing », repose sur une logique simple : si une personne utilise le même mot de passe sur plusieurs comptes, la compromission d’un seul suffit à en exposer plusieurs.
De plus, même des mots de passe jugés « forts » peuvent être interceptés par hameçonnage, espionnage de frappe (keylogging) ou attaques automatisées. L’authentification par mot de passe seule ne répond donc plus aux exigences actuelles de sécurité.
Ces failles sont aggravées par la fatigue cognitive liée à la gestion de dizaines de comptes. Les utilisateurs, contraints de mémoriser un grand nombre de combinaisons complexes, ont tendance à simplifier, à réutiliser ou à noter leurs mots de passe, ce qui augmente les risques d’exposition accidentelle.
L’évolution vers une authentification plus robuste
Les organisations et les fournisseurs de services numériques ont progressivement adopté de nouvelles méthodes d’authentification visant à renforcer la sécurité sans alourdir l’expérience utilisateur.
- L’authentification multifacteur (MFA)
L’authentification multifacteur repose sur le principe du « quelque chose que vous savez » (le mot de passe), combiné à « quelque chose que vous possédez » (un téléphone, une clé physique) ou « quelque chose que vous êtes » (biométrie). Cette méthode ajoute une deuxième couche de sécurité : même si un mot de passe est compromis, l’accès est bloqué sans le second facteur.
L’implémentation de la MFA dans un environnement universitaire réduit considérablement les risques de compromission. Elle est désormais considérée comme une norme minimale de protection, notamment pour les comptes de courriel, les environnements infonuagiques et les systèmes sensibles.
2. Les passkeys : une alternative sans mot de passe
Les passkeys représentent la nouvelle génération d’authentification en ligne. Elles remplacent les mots de passe traditionnels, souvent difficiles à mémoriser et vulnérables au vol ou à la réutilisation.
Comment ça fonctionne ?
L’idée est simple : au lieu de retenir un mot de passe, votre appareil agit comme une clé numérique personnelle. Lors de la création d’un compte, une paire de clés cryptographiques est générée :
- La clé privée (votre “clé secrète”) est conservée de façon sécurisée sur votre appareil personnel, comme un téléphone ou une tablette. Elle ne quitte jamais cet appareil et ne transite jamais sur Internet.
- La clé publique (la “serrure”) est envoyée au service en ligne et sert uniquement à vérifier que la clé privée correspond bien à la bonne identité.
Se connecter sans mot de passe
Lorsque vous vous connectez, votre appareil utilise automatiquement la clé privée pour confirmer votre identité au service. Vous n’avez qu’à valider que c’est bien vous, en utilisant une méthode locale simple comme :
- votre empreinte digitale;
- votre reconnaissance faciale;
- ou le code d’accès de votre appareil.
Aucun mot de passe à saisir, ni à retenir. L’authentification se fait en quelques secondes, de manière transparente et sécurisée.
Pourquoi c’est plus sécuritaire
Les passkeys offrent une protection très efficace contre l’hameçonnage et les tentatives de fraude :
- Aucune donnée sensible n’est transmise : la clé privée ne quitte jamais votre appareil.
- Impossible de se faire piéger par un faux site : votre appareil reconnaît automatiquement le service légitime. Même un site frauduleux ne pourra pas “imiter” la bonne serrure numérique, ce qui rend l’hameçonnage pratiquement impossible.
En résumé, les passkeys simplifient la vie tout en renforçant la sécurité.
Elles permettent de se connecter plus rapidement, sans mot de passe à retenir, et avec une protection beaucoup plus robuste contre les cybermenaces modernes.
3. Les gestionnaires de mots de passe
En attendant la généralisation complète des passkeys, les gestionnaires de mots de passe demeurent un outil essentiel. Ils permettent de générer et de stocker de manière chiffrée des combinaisons complexes et uniques pour chaque service.
Ces outils réduisent la dépendance à la mémoire humaine tout en garantissant que les mots de passe utilisés respectent les critères de sécurité recommandés (longueur, diversité, absence de réutilisation).
Les gestionnaires modernes peuvent aussi détecter les fuites connues et alerter l’utilisateur lorsqu’un mot de passe doit être modifié. Leur usage est désormais considéré comme une bonne pratique institutionnelle pour toute personne gérant plusieurs comptes professionnels.
Il existe plusieurs gestionnaires de mot de passe fiables et gratuits ayant du code open source dont les logiciels Bitwarden et KeePass pour ne nommer qu’eux.
Études de cas et leçons apprises
En 2012, le réseau LinkedIn a subi une fuite massive touchant plus de 117 millions de comptes. Des années plus tard, ces mots de passe circulaient encore sur le web, et de nombreux utilisateurs continuaient à se faire pirater parce qu’ils les réutilisaient sur d’autres plateformes. Cette affaire illustre l’effet domino typique de la réutilisation des identifiants.
Un autre cas fréquent concerne un employé qui réutilise un mot de passe personnel pour accéder à son compte professionnel. Lorsqu’un réseau social, une boutique en ligne ou tout autre service externe subit une compromission, ces identifiants sont souvent récupérés et testés automatiquement sur d’autres plateformes, notamment celles de l’entreprise. Cette pratique peut alors ouvrir la porte à des intrusions dans les systèmes internes et exposer des informations sensibles.
À l’inverse, certaines organisations ont évité des incidents majeurs grâce à la MFA. Dans un exemple rapporté par un groupe bancaire européen, des pirates ayant volé des mots de passe valides n’ont pas pu franchir la seconde étape d’authentification, qui exigeait un code généré par une application sécurisée. Ce simple mécanisme a permis de bloquer l’attaque avant toute fuite de données.
Ces exemples démontrent que la modernisation de l’authentification n’est pas seulement une amélioration technique, mais un investissement stratégique en sécurité organisationnelle.
Vers une culture de l’authentification moderne
Le passage vers une authentification plus robuste ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme une évolution naturelle de la cybersécurité. Les institutions universitaires, par leur diversité d’usagers et la sensibilité de leurs données, se trouvent à l’avant-plan de cette transition.
Promouvoir une culture de l’authentification moderne, c’est d’abord reconnaître que la cybersécurité ne dépend plus uniquement de la vigilance individuelle, mais de l’adoption collective d’outils fiables et bien conçus. En remplaçant les mots de passe fragiles par des solutions comme la MFA, les gestionnaires de mots de passe et les passkeys, on simplifie le quotidien des personnes utilisatrices/ tout en élevant significativement le niveau de protection.
Cette transformation s’inscrit dans un mouvement plus large visant à réconcilier sécurité et convivialité. L’avenir de l’authentification ne repose plus sur la complexité des mots de passe, mais sur la simplicité sécurisée : un modèle où la technologie protège efficacement sans alourdir l’expérience utilisateur.
Conclusion
Dire adieu à « 123456 », ce n’est pas qu’un slogan : c’est une véritable évolution dans notre manière de concevoir la sécurité numérique. Les cybermenaces évoluent rapidement, mais les solutions pour s’en protéger progressent tout autant. L’authentification multifacteur, les gestionnaires de mots de passe et les passkeys offrent aujourd’hui une sécurité plus robuste tout en s’intégrant naturellement à nos pratiques quotidiennes.
Adopter ces outils, c’est réduire la dépendance à la mémoire, limiter les erreurs humaines et contribuer à la création d’un environnement numérique plus sûr pour tous. Dans un monde où l’identité numérique devient aussi précieuse que l’identité réelle, l’authentification moderne n’est plus une option : elle représente désormais une étape essentielle vers une cybersécurité à la fois plus fiable et plus accessible.